Cet article est paru dans le n°000 (octobre 1999) du journal de l'association Technoplus, Pulsar.
VOODOO'Z
Le sound system des voodoo'z, basé dans le Tarn s'est réveillé très tôt le lundi 25 janvier 1999. A 7 heures du matin, exactement, heure à laquelle tout un chacun se rend normalement en after, les membres de la tribu ont eu la désagréable visite de la maréchaussée venue perquisitionner. Tout le matériel musical est embarqué sans ménagement (il y aurait beaucoup de casse), ainsi qu'une saisie mo-nu-men-ta-le de drogue (25 grammes de haschisch). Cette brillante opération de gendarmerie est le résultat de huit mois à temps plein pour six gendarmes.
Les voodoo'z sont sous le coup de cinq chefs d'accusation:
TRAVAIL ILLEGAL
Les gendarmes font des estimations complètement fantaisistes : "bénéfice moyen de 100 000 francs par free party". Une activité non déclarée ne pourrait être le fait que d'une organisation mafieuse ! Les organisateurs ont le plus souvent du mal à rentrer dans leurs frais, et y rajouter les charges administratives rendrait l'opération impossible. Le seul élément qui guide les gendarmes est de savoir si l'Etat omniprésent touche sa part sur toute activité, économique ou non.
INFRACTION A LA LEGISLATION SUR LES STUPEFIANTS
Les voodoo'z ne sont pas suspectés d'être des revendeurs, mais simplement usagers de cannabis, comme quelques millions de personnes en France. Leurs free parties sont considérées comme favorisant le trafic de drogue. Dans une free, la drogue circule ouvertement, elle n'est pas cachée comme dans les clubs, les lycées, facs et autres lieux de revente. La free n'est qu'un bouc-émissaire.
OUVERTURE ILLEGALE D'UN DEBIT DE BOISSON
Les boites et bars de la région ont fait pression sur la gendarmerie pour stopper la concurrence des free (boissons moins chères et liberté de circuler). Les taxes ne sont pas payées à l'Etat. C'est une question purement économique.
INFRACTION A LA SACEM
Cette vénérable institution déclare redistribuer équitablement les droits d'auteurs. Elle consomme pour elle-même une bonne part de ce qu'elle prélève, et refile le reste aux poids lourds de la musique commerciale. C'est le monde à l'envers, et il est temps d'anéantir cette corporation de voleurs.
AGRESSION SONORES REITEREES
Les gendarmes sont connus pour être de grand mélomanes. Il faudra bientôt se résigner à mixer du Michel Sardou avec du Dick Rivers.
Le procès qui attend les Voodoo'z est de première importance. De son issue dépendra la suite de la répression de la free. Si les Voodoo'z sont condamné, les arrestations risquent de se multiplier (et le jurisprudence fera le reste). Les autorités veulent créer un précédent pour déchaîner la répression. Tout indique qu'il est nécessaire de se serrer le coudes pour soutenir le sound system, et pour cela, une alliance (sous la forme d'une association loi 1901) regroupant un maximum d'organisateurs de free constituera une solide assise. Si on se place du côté des pouvoirs publics, il est évident qu'ils ne savent pas à qui s'adresser pour communiquer ou négocier. Ils ont besoin d'un interlocuteur "officiel" sinon ils ne comprennent rien et envoient les forces de l'ordre. Constituer un groupe de pression soudé favorisera à la fois le dialogue et une avancée dans le droit de la fête.
"YOU CAN STOP DA PARTY BUT YOU CAN'T STOP DA MUSIC"