" Return to the source " ; l'expression par nos mornes temps de crise
connaît une audience certaine. Crise ? Elle est toujours à l'heure
de ceux qui tour à tour complaisants et intéressés cherchent
et trouvent les modes, les marchés ; bref, les petites poules aux œufs
d'or promises par l'actualité. Car l'attente, si elle est bien réelle,
a aussi son revers et les opportunistes restent aux aguets de l'opinion des
dupes.
Ainsi naissent et fleurissent des manifestations où les mots " underground
", " contre-culture ", " subversion " fournissent des
supports particulièrement porteurs à des escrocs dont la besogne
première est de vider ces mots de leur sens afin de faire grassement
leur beurre.
Néanmoins, il ne s'agit pas ici de tomber dans la polémique facile
mais de dire qui nous sommes, d'où nous venons, "Voodoo'z Cyrkle
", et de dire ce que nous mettons derrière ces termes afin de nous
les réapproprier. Afin de les rendre à tous ceux qui aiment la
musique, cette musique bien autrement que par les patates et les façons
de paraître. De là notre vision de la teuf, de son esprit qui ne
se veulent pas, cela va de soi, exhaustifs, mais plutôt en attente de
la perception que nous pouvons chacun et chacune en avoir.
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Check-up : juin 1996, une dizaine de jeunes de la région tarnaise, dont certains ne connaissent la techno et les teufs que depuis quelques mois, voire quelques jours à peine, décident au tout venant d'organiser une soirée (remenber la " soft parade " si certains d'entre vous y étiez déjà). Coup d'essai ? Certes pas puisque depuis désormais un an et demi, forts de nos premières et concluantes expériences et face à une sensation confirmée d'essoufflement de certaines scènes musicales, nous avons remis la gomme à 11 reprises (ce soir, c'est la douzième). Avec petit à petit une conscience et une exigence au premier plan : respect et simplicité pour le public qui en dépit des périls et des tracas inhérents aux free parties se déplace, aime et sent peut-être un peu plus à chaque soirée une vibration particulière à ce type de fête. C'est cette vibration que malgré nos lacunes nous tâchons de faire découvrir ou redécouvrir le plus naturellement du monde et en toute rigolade. Car par le biais des free parties, la techno reste une scène vastement ouverte dont l'histoire s'écrit tous les jours sous nos yeux . C'est une chance inouïe que l'on se doit de saisir dès à présent. |
Cette ouverture et ce mouvement définissent notre approche que trois mots suffiront à résumer :
diversité - alternative - résistance
Diversité car nous même provenons d'influences culturelles disparates et c'est cette somme d'influences que nous voulons faire partager dans le cadre d'une soirée. Que l'on parle évidemment de musiques électroniques en proposant l'intégralité des tendances que ces courants englobent, mais que l'on parle aussi de spectacles, de performances diverses, happening, interventions de ceux, musiciens, artistes, quelles que soient leurs influences premières, qui veulent trouver ou renouveler leurs espaces d'expression. L'unité est le moteur de notre concept. Nous sommes une génération qui se doit, autant que possible, d'agir en bloc, tout en préservant cette richesse que traduisent si bien nos différences, qu'elles soient musicales, sociales, culturelles. Nous savons pour notre part qu'il n'y a aucun changement à espérer si chacun d'entre nous ne va pas à la part de ce dialogue qui lui revient. En bref, c'est l'un des motifs essentiel de notre implication dans la fête. Elle demeure un carrefour, un lieu de remise en cause permanent d'où chacun peut sortir une convivialité réinventée et perçue par chacun.
En donnant cette définition de la diversité, nous savons qu'elle entraîne nécessairement deux autres idées : l'alternative, la résistance. Alternative, résistance pour tous ceux qui sont las d'avaler des couleuvres, d'entendre des discours laxatifs formatés aux normes de la résignation et de la pensée unique. Alternative et résistance, barrage définitif aux obsédés des valeurs éternelles pousse au crime et promoteurs de pureté ethnique. Alternative et résistance au leurre idéologique, religieux, économique qui nous mène droit au gouffre. Alternative et résistance, politique non pas dans l'action et la manifestation même, mais plutôt dans la conscience qui nous pousse envers et contre tout à susciter un nouveau modèle de relations pour nous même et pour tous ceux qui nous entourent. Que les autres aillent voir ailleurs, nous gardons avec plaisir ce qu'il reste d'air pur loin de leur compagnie. Telle est l'énergie qui nous pousse à faire la fête. C'est bien à ce titre que sont sciemment organisés les préjugés, les discriminations, les interdits desquels nous sommes frappés. C'est par cette volonté que nous continuons à faire la fête à tout prix. Que ce soit à l'arrache, en galère, nous voulons surtout la faire avant d'en parler. La fête, la vrai, celle qui à notre sens ne peut se faire que dans un cadre invitant à l'évasion pure (déco nature pour les malentendants éventuels).
Ce tout dans la conception, dans l'organisation et dans la participation suffisent à former un état d'esprit alternatif et résistant.
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Voilà pourquoi nous convions tous ceux qui le veulent à venir s'amuser et nourrir leur réflexion avec nous. Qu'ainsi puisse perdurer et grandir ce sentiment d'un retour à la source. Enfin, nous espérons que sont et seront nombreux ceux qui partagent à leur façon, dans leur vie et dans leur environnement quotidien ces points de vue. Ils représentent à nos yeux une dynamique symbole d'espoir et de vie à l'avenir. C'est dans ce cadre pluriel qu'il pourra s'épanouir et que nous pourrons le mieux chacun à notre manière, en faire l'écho. Respect à tous ceux qui oeuvrent et résistent dans l'ombre.
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Octobre 1997