Quand la maréchaussée imagine des musicos en syndicat mafieux qui blanchit ses gains grâce à La Française Des Jeux.

Cet article, paru dans l'hebdo Tarn Infos du 04 02 1999, illustre la bétise des gendarmes dans cette enquète. Un des points sur lesquels ils ont insisté lors de leur séance d'autosatisfect est dévellopé dans cet article: L'histoire des tickets de Millionnaire : Lors d'une soirée privée sonorisée par les Voodoo'z pour l'anniversaire d'un pote, tant de monde est venu (des membres de plusieurs tribus) qu'ils ont cru à une free. La participation aux frais de la soirée fut fixée, comsa, pour délirer, à un ticket de jeu à gratter, pour que les derniers debout puissent s'en amuser en fin d' "after". Le résultat financier fut ridicule, de l'ordre de 150 f pour une centaine de tickets grattés, des Millionnaire en majorité...

 

COUP DE FILET DANS LE MILIEU DES "FREE PARTY"

La danse finit chez le juge

La semaine dernière les gendarmes ont interpellé l'un des principaux groupes d'organisateurs de "free party", ces fameuses soirées "secrètes" montées dans des trous perdus sur fond de musique Techno et attirant parfois plus d'un millier d'amateurs branchés. Les "intermittents du spectacles" tombent surtout pour des délits d'ordre financier. Comment les gendarmes ont infiltré le milieu techno.

Les gendarmes n'ont rien contre la Techno. Ils tolèrent les soirées, les "raves" comme on dit dans les milieux branchés, si elles bénéficient d'une organisation limpide et fiable.

Tel n'est pas le cas selon eux des "Free party", ces soirées organisées en pleine nature, sans aucune précaution de sécurité, où l'alcool, parfois la drogue, passent de main en main. Dans les montagnes du sud ou de l'est, dans les forêts bien touffues de la Grésigne, ou plus généralement dans les corps de ferme isolés, le Tarn n'a pas échappé à cette nouvelle mode.

Les gendarmes estiment que, jusqu'au probable coup d'arrêt de la semaine dernière, des free party avaient lieu au moins deux fois par mois dans le département. Celle organisée récemment, en pleine ville, dans une usine désaffectée de Graulhet, n'est pour eux qu'une manifestation d'un phénomène croissant.

commentaire  du maire de Graulhet

Des tickets de loterie

Et en matière de free party, on peut les croire. Car, depuis qu'ils se sont attaqués au dossier en septembre dernier, ils ont eu le temps d'apprendre le pas, du moins d'expérimenter les mouvements saccadés au rythme de la Techno. Eh oui! ils y ont été. Sans képi et sans gyro évidemment. Déguisés en jeunes tarnais ordinaires, partis pour une soirée d'enfer.

Ils ont appris, infiltré et testé l'organisation de ces soirées: les rendez-vous secrets donnés via le bouche à oreille, Internet ou le Minitel, les fàusses étapes, les jeux de pistes pour parvenir au site de la fête. Un système original de billetterie aussi deux ou trois tickets à gratter par personne, 30 % de chance de gagner pour les organisateurs grâce à la Française des Jeux. De longues heures de suspense, avec l'assurance - vu l'abondance de chances - de gains substantiels. C'est marrant et moins risqué que de se promener avec de l'argent liquide.

Donner un angle financier à l'enquête

Avoir pénétré les arcanes de la Techno leur fait, direz-vous, une belle jambe. Oui mais ils avaient évidemment une autre idée derrière la tête. Car, pour le lieutenant-colonel Maunier rien ne sert de débarquer en pleine soirée, de se trouver nez à nez avec des centaines de jeunes qui, pour la plupart, n'ont d'ailleurs strictement rien à se reprocher. " Cela aurait été un grand coup d'épée dans l'eau" commente-t-il.

En accord avec le Procureur de la République, les gendarmes ont donc décidé de s'attaquer aux cerveaux, aux organisateurs des soirées, ceux qui en vivent à l'insu de l'administration fiscale et, parfois, en exposant leurs invités à certains dangers. Bref, de donner un éclairage financier à l'en quête avec des infractions qui tiennent la route".

Pour mener à bien ce projet, une équipe de la Brigade de recherche d'Albi (les fameux gendarmes pris de la fièvre du samedi soir...) a été exclusivement placée sur le dossier, commission rogatoire du juge en poche.

Le coup de filet a eu lieu la semaine dernière :10 jeunes de 18 à 27 ans ont été interpellés dans le Tam et les départements limitrophes. Les gendarmes ont saisi, outre les piles de tickets à gratter, un peu de cannabis, de l'argent liquide, 8 000 francs, un matériel de sonorisation estimé à plusieurs centaines de milliers de francs, un bus, un camion et plusieurs véhicules... Le tout sans aucune possibilité de restitution.

Sept des jeunes gens ont été placés sous contrôle judiciaire. Les infractions retenues contre eux sont l'usage et la détention de stupéfiant, l'exploitation de débits de boissons sans autorisation et, surtout, le travail illégal (les buvettes rapportent un maximum). Des délits frappés d'amendes si conséquentes qu'elles devraient pour longtemps leur faire passer l'envie d'organiser des soirées. Sans compter les infractions à la Sacem... L'addition risque d'être salée, très salée.

Une façon comme une autre de faire un exemple et d'endiguer le phénomène des free party. Celle en tout cas qu'ont choisie les autorités judiciaires tarnaises. Le lieutenant-colonel Maunier veut en profiter pour sensibiliser les élus locaux et les particuliers : derrière une anodine soirée d'anniversaire peut parfois se cacher un débarquement de bus chargés à bloc de fondus de jeux à gratter.

H.M.

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